Ah les tomates ! Un des légumes favoris des français et pour ne rien vous cacher, également le mien. Crue ou cuite, la tomate c’est l’assurance d’un bon repas. Et ça bien sûr, ça n’a échappé à personne alors maintenant, été comme hiver, on peut trouver des tomates tout le temps et à n’importe quel prix. Et même pour les plus scrupuleux, il n’est pas toujours facile de savoir quand la saison est vraiment lancée, en général, dès les premières chaleurs de mai, on en rêve et on se dit que ça y est, c’est le moment. Sauf que pas vraiment… Et puis, pour nous induire encore plus en erreur, on trouve des tomates origine France dans les rayons de nos supermarchés. Si ça pousse, c’est que c’est de saison, non ?
Pour vous aider à y voir plus clair, on vous propose un petit récap de la culture des tomates. Mais avant toute chose, il faut savoir que la saison de la tomate va varier suivant votre lieu d’habitation et des conditions météos de l'année en cours. Et oui, même à l’échelle de la France continentale, les variations climatiques sont suffisantes pour qu’on ne trouve pas ce légume exactement sur les mêmes périodes. (Ah, petite parenthèse, oui la tomate est un légume… Un légume fruit puisqu’on mange le fruit produit par la plante. Mais si on part là-dedans, l’aubergine aussi est un légume fruit comme la courgette, le poivron… bref, le débat peut être long !). Revenons-en à nos moutons, la tomate aime la chaleur et le soleil, sans surprise donc, sa saison est en général plus précoce et plus étendue dans le Sud-est de la France que dans le nord. Aussi, après avoir lu cet article, le meilleur moyen de savoir quand la saison de la tomate commence par chez vous c’est de poser la question au producteur le plus proche 😉
De manière théorique on dit qu’il faut 4 mois entre la mise en terre de la graine et le premier fruit mûr sur votre pied de tomate. En sachant que pour germer, la tomate aime avoir un sol à minima à 18°C et en vrai, autour de 25°C et qu’elle est gélive = si la température descend en dessous de 0, elle risque fortement de mourir… Là on se dit que pour avoir une tomate en mai, il faut donc l’avoir semée au plus tard au 1er janvier, sachant que si on arrive à la faire germer (en moyenne il faut deux semaines à la graine pour germer), elle devra ensuite affronter tout l’hiver… D’autant que, au-delà des risques de gelées, dès que les températures sont en-dessous de 12°C, la tomate… Bah elle ne fait pas grand-chose, elle ne se développe pas sans compter la durée d’ensoleillement qui, en gros jusqu’à la mi-février, est en dessous de 10h par jour et ça, les végétaux, ils aiment vraiment pas. On arrive donc vite à un problème.
Nos tomates encore en pot en mars[/caption]
Nos serres ne sont pas chauffées mais nous avons des tomates début-mi juin cette année. Comment ? En semant nos graines au premier février et en ayant recours à des nappes chauffantes qui maintiennent le terreau à une température constante autour des 25°C. Cette technique utilise forcément de l’énergie. Certains maraîchers expérimentés utilisent eux un système de couches chaudes, ils placent de la matière organique (compost, fumier) sous les tables de semis. La décomposition naturelle produit de la chaleur et hop, les tomates ont les pieds au chaud. Sinon, d’autres maraîchers font leurs semis chez eux pour que les bébés tomates arrivent à avoir assez de chaleur. Enfin la plupart achètent des plants élevés par des pépiniéristes bien équipés. En bref, même pour avoir des tomates au mois de juin, il faut pouvoir amener de la chaleur au début de la vie de la plante.
Par la suite, au bout d’un mois environ, lorsque la première vraie feuille de tomate apparait on enlève les petites tomates de leur première terrine collective pour les placer dans un grand pot individuel. Ainsi, la tomate a toute la place qu’il lui faut pour se développer et devenir vigoureuse. On l’espace aussi au bout d’un certain temps pour qu’elle se renforce avec le vent et ne soit pas fine et cassante. Mais pendant toute cette période, la tomate craint toujours le froid et nous ne sommes qu’au mois de mars…. Cette année par exemple, nous avons dû, lors des gelées tardives, placer nos tomates sous deux couches de voiles protecteurs contre le froid… Un matin, après une forte gelée, sous serre, sous voile, la température était à 1°C… C’était juste mais c’est passé ! Parce qu’on habite dans une région où nous ne sommes pas descendus en-dessous des -4°C ambiants. Forcément, lorsque la température extérieure touche les – 10 °C, compliqué pour un maraîcher de tenter des tomates précoces. D’autant que tant que la tomate est encore pot, on peut trouver une stratégie pour la protéger en cas de situation extrême mais une fois qu’elle est plantée dans le sol, là… On ne peut plus la rentrer chez soi ! Et puis, quand on a 1 500 pieds de tomates, ça fait du monde à transporter et à loger.
Les premières implantées en avril[/caption]
Enfin, une fois que tout cela est passé, la tomate a encore et toujours besoin de chaleur pour faire des fruits et les amener à maturité. Cette année par exemple, le récent épisode de chaleur a soudainement boosté nos tomates alors que le mois d'avril froid et pluvieux avait plutôt tendance à leur apporter des maladies mais ça, c’est pour une autre fois !
En bref, les besoins physiologiques de la plante tomate font que c’est réellement un légume d’été. Ainsi, sa pleine saison en France s’étale du mois de juillet au mois de septembre. On peut en trouver en juin suivant les régions et les conditions climatiques de l’année en cours de même qu’elle peut s’étaler jusqu’en octobre. A noter que suivant les variétés de tomates, elles ne vont pas être à maturité en même temps : dans les grandes lignes, les tomates cerises et les tomates grappes sont les plus précoces tandis que les grosses tomates charnues type cœur de bœuf et autres vont arriver un peu plus tard en saison.
Coucou les tomates cerises !
Plusieurs explications à cela. Tout d’abord certaines viennent de l’étranger, autre pays, autre climat, saisonnalité différente. Pour celles origine France, l’explication est assez simple : les serres sont chauffées. Cela signifie en gros qu’on met un immense chauffage, au fuel en général, qui va maintenir artificiellement la température de la serre à un seuil donné. C’est l’été toute l’année ! D’un point de vue environnemental cela pose clairement des questions mais pas que. Un légume se nourrit de ce qu’il trouve dans le sol, utilise la chaleur mais aussi la lumière. Ces méthodes artificielles questionnent sur le développement du légume et sur la qualité des nutriments qu’il contient. D’autant que, bien souvent, ces tomates sous serres chauffées sont aussi hors sol. C’est-à-dire ? C’est-à-dire qu’elles poussent dans des immenses serres sur plusieurs étages. Elles n’ont pas les pieds dans la terre mais dans l’eau. Une eau à laquelle on a ajouté les nutriments de base nécessaires au développement de la plante mais bien sûr sans prendre en compte les spécificités d’un terroir, la complexité de la vie du sol etc. Bref, ce sont des méthodes vendues comme l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture, nous on en doute.
Notre jungle de tomates
Un peu, on vous l’accorde. Mais ce qui est bien avec la tomate c’est que l’acidité naturelle qu’elle contient permet facilement de la conserver une fois transformée. Alors pour prolonger la saison de la tomate, rien de mieux que de faire des bocaux de coulis et de délicieuses sauces pour se remonter le moral en hiver ! On n’est pas experts en la matière mais on a bien envie d’apprendre, n’hésitez pas à nous partager vos astuces et vos recettes !
Il y a encore bien des facteurs qui peuvent jouer sur la date d’arrivée des tomates, comme les semences, les variétés, la qualité du sol… Bref, c’est vaste. Mais on espère que ce petit article vous aidera à mieux comprendre pourquoi vos maraîchers refusent de vous en vendre au mois de mai (en vrai, on aimerait bien mais bon…). Et tant qu’on est dans les légumes d’été : la courgette arrive la première, le concombre devance la tomate quant aux poivrons et aux aubergines, patience patience… Ce sont des culs gelés !
Cultive ! est un projet de micro ferme en maraîchage biologique diversifié dans la périphérie de Pau.
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